Placemaking et méthodes berlinoises au Club ville aménagement

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"Creative placemaking* – les usages informels à l’avant-garde du projet urbain" : jeudi 8 février, pour ce "5 à 7" conçu et animé par Ariella Masboungi, Grand Prix de l’urbanisme 2016, le Club ville aménagement avait convié le Berlinois Andreas Krüger. A la fois "agitateur" et "facilitateur" urbain, le directeur général de Belius (ex-Modulor Projekt), spécialisé dans le montage de projets urbains, a impulsé la réanimation de la Moritzplatz, "un lieu 'oublié' pendant des décennies, à 50 mètres du Mur, transformé en Mecque pour les créateurs de toute l’Europe" ; avec notamment le Modulor, magasin de 7 000 m2 pour les activités créatives, la Betahaus, espace de coworking, ou Prinzessinnengarten, célèbre jardin urbain communautaire, et de multiples activités 24 heures sur 24.

Sur ce site – et sur d’autres, y compris dans des petites villes – Andreas Krüger met en avant l’humain comme moteur des projets. Et livre quelques facteurs de mise en œuvre : "parler sur un pied d’égalité avec les politiques ; faire se confronter politiques et administrations avec les utilisateurs et la société civile ; planifier et mettre en œuvre la collaboration étape par étape ; pouvoir corriger la trajectoire à chaque étape". Cela sur fond de "coopération transsectorielle", de "compréhension des rôles", et d’"opportunités à saisir".

"C’est la ville qu’on aimerait faire, et qu’on peut avoir du mal à faire quand on est aménageur", commente Romain Champy, directeur des projets de la SPL Euralille et "débatteur" de ce "5 à 7". Il salue cette capacité à "traduire des langages, des intérêts, et [à] les mettre autour de la table". Mais rappelle la contrainte du bilan d’opération d’aménagement à la française : "quid du devenir du foncier de Prinzessinnengarten ? Le projet immobilier initial est tombé à l’eau : une perte sèche que j’aurais eu du mal à gérer !".

Plus largement, "comment articuler la planification sur le temps long avec cette sérendipité et cette manière ouverte de faire projet ?". Par ailleurs, quels sont les publics réellement touchés par cette richesse programmatique ? Cette démarche collaborative "prend le dialogue au sérieux" et a pour vertu d’"intégrer ceux qui se sentent mis à l’écart", répond Andreas Krüger qui n’y donc voit pas un levier de gentrification. Il précise que même si le terrain de Prinzessinnengarten a vocation, in fine, à être construit, ce ne sera pas pour y faire de la spéculation immobilière. L’actuelle municipalité (gauche-Verts) y veillera, elle qui, comme le rappelle Ariella Masboungi, s’oppose à une rénovation haut de gamme des logements et surveille les transactions foncières.

Interrogé sur la Station F, le grand campus parisien de start-up développé par Xavier Niel, le Berlinois reste sur la réserve : "c’est une tentative ; les créatifs sont une force centrale mais ne sont pas les seuls ; il faut se donner la peine d’aller chercher des artistes, des gens dont l’apport est important pour une mixité vraiment réussie…".

> Le prochain "5 à 7", en juin ou en septembre, aura pour invité le mathématicien Cédric Villani, député (LREM) de l’Essonne, chargé par le Premier ministre d’une mission sur l’intelligence artificielle. 

> Débat à regarder via le site club-ville-amenagement.org 

*Fabrique créative des espaces publics

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Traits Urbains n°130/131 vient de paraître !

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