Au FPU 2019 : mutations, connexions, diversité

Projets urbains
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De la cinquantaine d’ateliers du 19ème Forum des projets urbains, organisé le 12 novembre à Paris par Innovapresse, ressortait la volonté de mener des mutations urbaines qui concilient diversification des fonctions et recherche de liens et de cohérence. Illustrations.

Quartier République de l’Ile de Nantes : gérer densité, nature et mutation future

La nouvelle phase d’aménagement de l’île de Nantes commence par le quartier République, emprise de 20 ha en face du futur CHU. La paysagiste Jacqueline Osty et l’architecte Claire Schorter s’appliquent à traduire dans ce projet les objectifs de la Samoa : approche d’aménagement par les usages, espaces publics attractifs et confortables pour les mobilités douces, renaturation… Jacqueline Osty a construit une trame avec la nature pour fil conducteur liant parcs, grande promenade, rues et venelles. Claire Schorter a proposé une méthode pour concilier forte densité, diversité des échelles et du bâti, qualité du voisinage. "Nous avons surtout voulu une ville qui se transformera facilement, parcelle par parcelle, d’où l’importance d’avoir de petits bâtiments indépendants. Paradoxalement, nous partons d’une grande parcelle. Nous la découpons par une rue croisée d’une venelle avec, au centre, une placette".

Noisy-le-Grand : Les Espaces d’Abraxas rejoints par les "Jardins"

A l’origine, un projet monumental pour "changer la ville". A Noisy-le Grand (93), aux confins Ouest de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, les Espaces d’Abraxas, conçus par Ricardo Bofill et érigés en 1983, devaient être rattrapés par l’urbanisation. Dans les faits, cet ensemble de logements sociaux et de copropriétés paupérisées est resté isolé, enclavé entre un parking en ouvrage et un centre commercial. L’ouvrage, si monumental qu’il fut le décor de plusieurs films internationaux, a si mal vécu qu’il a failli être démoli. Lorsque la Ville envisage de conserver l’ensemble dans le cadre d’un renouvellement urbain plus large, l’architecte des Espaces d’Abraxas se propose de dessiner les projets jouxtant son œuvre. Un groupement composé d’Adim et Marignan conduira l’opération des Jardins d’Abraxas. 52 000 m2 sont prévus, en grande majorité du logement, "social et en accession, pour éviter tout effet ghetto entre le neuf et l’ancien quartier paupérisé", prévient Adim Paris Ile-de-France. "De l’architecture d’accompagnement", explique le cabinet d’architecture, "pour intégrer le neuf à l’existant". Les cinq bâtiments de la première phase (27 000 m2) reprennent ainsi l’esthétique des Espaces, avec de grandes colonnes. Un mail piéton aux rdc commerçants sera créé, manière "d’amener de l’urbanité", indique le promoteur. 

Avignon résorbe ses fractures

Ville de confluence à forts risques d’inondation avec la présence d’une rivière, la Durance, et d’un fleuve capricieux, le Rhône, ville d’influence culturelle et patrimoniale, Avignon est aussi une ville de coupures (remparts, réseaux ferrés, etc.). Pour mieux valoriser ses atouts et sa position charnière, la cité provençale mise sur l’aménagement urbain autour de ses trois pôles ferroviaires : Avignon Confluence TGV, Avignon Centre et la gare de Montfavet. "Dans ce projet urbain de résorption des fractures et de reconnexion, les gares ont un rôle à jouer", assure Cécile Helle, maire (PS) d’Avignon. "Il s’agit, par exemple, de développer autour de la gare TGV une nouvelle centralité, avec la création d’un nouveau quartier", détaille Martine Boyé, DGA pôle paysages urbain de la ville. Autre illustration, la gare centrale, lieu de rendez-vous de plusieurs mobilités (train, vélo, tramway, etc.) où transitent chaque année 2 millions d’usagers, va devenir un véritable pôle d’échanges multimodal valorisant les modes alternatifs. "500 places de stationnement de vélos seront aménagées, pour envoyer un signal fort", annonce Régis Auriol, directeur de l’aménagement et de la mobilité à la mairie d’Avignon.

Paris-Saclay, vers la ville-quartier du Moulon

Le quartier du Moulon en développement au sein du campus urbain Paris Saclay est entré dans l’âge III, celui du découpage des îlots, de la diversité et de la complexité urbaine. "Nous avons proposé à l’EPA Paris Saclay une grande armature géographique, en limite de plateau, permettant la mise en relation des différents quartiers et de l’échelle du plateau de Saclay, en même temps que l’organisation de la relation avec la vallée", explique Christophe Delmar, architecte-paysagiste à l’Atelier Bruel Delmar. Au-delà de cette question de continuité territoriale est apparue celle de la programmation réunissant un programme universitaire d’excellence et du logement. "L’enjeu est de réussir à créer 'une ville’ par la mutualisation des équipements et espaces publics en évitant la tendance au zooming et au condominium", souligne Jean-Marc Bichat, architecte chez JAM. Autres questions délicates à traiter : faire une ville qui échappe à l’échelle des "monuments" déjà développés, en introduisant notamment de l’habitat à l’échelle de la maison ; développer une grille urbaine mettant en perspective le paysage à l’instar de villes finlandaises, par exemple.

Bordeaux : la reconversion des Bassins à flot se poursuit 

Vendu à Legendre Immobilier par la Sem Bordeaux Métropole Aménagement, l’îlot Bacalan a pour vocation d’améliorer l’attractivité de la Cité du vin. Le promoteur y a construit une halle alimentaire, aujourd’hui gérée par la société Biltoki, spécialisée dans ce type d’équipement. Sur le reste du foncier, il a bâti des bureaux et trois équipements hôteliers. "Nous avons vendu les bureaux, mais nous assurons toujours leur exploitation. Nous avons d’ailleurs mis en place un système de bail innovant qui garantit à certains occupants la possibilité de s’étendre in situ. Nous nous donnons un an pour répondre à la demande. Dans ce but nous contractons avec certaines entreprises des baux courts renouvelables", confie Pascal Martin, directeur général de Legendre Immobilier. Le promoteur a aussi fait construire un programme hôtelier composé de deux hôtels 3 et 4 étoiles Marriott. S’y ajoute une auberge d’un nouveau type. Encore en construction, elle comprend 28 dortoirs de six lits et 159 studios. Exploitée par Legendre, elle sera vendue à un investisseur.

Toulouse : un complexe d’e-sports

Le groupe immobilier Edelis, l’agence d’architectes C+2B et l’agence D’une ville à l’autre ont remporté, en mars 2019, l’appel à projets innovants Dessine-moi Toulouse, pour les Argoulets. Cette station de métro située au nord-est de Toulouse est accompagnée d’un parking relais de 9 800 m2, enjeu de l’appel à projets. L’équipe lauréate a proposé d’y construire l’Icone Arena, complexe d’e-sport (jeux vidéo). "Il s’agit d’une pratique en pleine expansion qui fera d’ailleurs l’objet d’une démonstration aux JO 2024", explique Julien Bellart, de C+2B. Icone Arena proposera aussi de participer à des courses de drones ou des escape games. Il abritera une vraie salle de sport pour les athlètes du jeu vidéo, une pépinière d’entreprises, un studio d’enregistrement, une Arena pour les spectacles, des logements en coliving. Les deux premiers niveaux seront occupés par des parkings, l’appel à projets de la Métropole imposant de ne pas dégrader le stationnement. "Nous sommes à la recherche d’un investisseur", explique Corinne Bayssié-Lamarque, directrice développement et innovation du groupe Edelis. Restera à définir comment gérer ce bâtiment aux multiples activités.

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Traits Urbains n°130/131 vient de paraître !

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