"Et si le projet Europacity n’était, par sa taille et ses répercussions sur les secteurs voisins, qu’un révélateur de l’absence de gouvernance et de vision métropolitaine à l’échelle du quadrant Nord-Est francilien, autorisant la prise d’options sur un foncier dont la valeur ne peut que croître ?", s’interrogent les auteurs du rapport du CGEDD sur l’aménagement de la zone du Grand Bourget ; ils recommandent, en outre, de constituer "un socle plus solide d’intervention de la puissance publique dans le cadrage et l’accompagnement des projets privés".
Emmanuelle Cosse, ministre du Logement et de l’habitat durable, avait missionné le CGEDD en juin dernier pour analyser les conditions propices au développement de ce territoire situé à cheval sur les départements de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise, et qui présente, à la fois, un fort potentiel économique, ainsi que de graves problèmes sociaux et environnementaux. Il est question, dans ce rapport, des enjeux inhérents aux différents projets d’aménagement urbain, et en particulier, de l’opération Europacity (cf. DIF 1270). "Les projets privés ou publics, à des degrés variables de maturation, s’y multiplient dans un contexte d’organisation territoriale et d’ingénierie opérationnelle très fragmentées, conduisant à un urbanisme 'par plaques’ indépendantes auquel ne déroge pas le projet Europacity", expliquent les auteurs, dont l’analyse s’inscrit dans une perspective métropolitaine. Ils avertissent également sur la nécessité de "rompre avec la tendance passée et actuelle", pour éviter la création d’espaces monofonctionnels et déconnectés. Et "de veiller à l’accessibilité des plateformes aéroportuaires, condition de leur compétitivité internationale, et de s’assurer que chacun des projets est apprécié avec les mêmes critères de qualité de vie, de préservation de l’environnement, de cohérence urbaine, de prise en compte des exigences de formation et d’insertion sociale".
Plus d’intervention publique
Territoire "d’arrière-cour pour les transports et la logistique", le corridor aéroportuaire du Nord-Est francilien est appelé à devenir la "porte d’entrée du Grand Paris". Les nombreux développements prévus au cours des deux prochaines décennies (Triangle de Gonesse, PSA/Aulnay-sous-Bois, Villepinte/Paris Nord, Le Bourget et Dugny…) bousculeront son tissu économique, sociologique et démographique. "Afin de tirer le meilleur parti de ce potentiel, il est indispensable de sortir de la logique du 'laissez-faire’ consenti depuis le schéma directeur de 1965 aux grands opérateurs publics et privés, pour passer à une vraie politique de valorisation coordonnée du territoire", explique-t-on dans le rapport. Pour permettre l’émergence d’un territoire plus équilibré, les auteurs recommandent de pallier le déficit de gouvernance au niveau territorial et métropolitain pour mettre en œuvre une vison globale et programmatique. D’une part, à l’échelle du grand Roissy, "sous l’égide de l"Etat, de la Région Ile-deFrance et de la Métropole du Grand Paris". Et ce afin de "définir les grandes orientations à l’intérieur d’un grand territoire couvert par un contrat d’intérêt national (CIN) ou un outil ad hoc à définir avec les collectivités locales" et d’"assurer la mise en cohérence des projets sur le secteur central sous la responsabilité d’une société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-In)".
D’autre part, à l’échelle métropolitaine en constituant une SPLA-In référente "dans un secteur allant du Bourget-Aulnay au Sud, à Roissy au Nord, et de Dugny-Gonesse à l’Ouest, à Villepinte-Tremblay à l’Est".
Plus globalement, la puissance publique doit "préserver, tous modes de transports confondus, l’accessibilité aux plateformes aéroportuaires", "organiser la régulation d’ensemble du marché pour ne pas mettre en péril la montée en puissance des projets" et "garantir le cadre public d’intervention avec les moyens techniques adaptés sur des secteurs stratégiques tels que le Triangle de Gonesse et les terrains PSA d’Aulnay".
Europacity, quelle solution pour quelle évolution ?
Dans leur rapport, les auteurs ne reviennent pas sur la pertinence intrinsèque des projets du territoire mais rappellent à la puissance publique l’importance de constituer un cadre pour assurer leur cohérence "avec leur environnement en fonction de leur périmètre d’interaction et de l’échelle du territoire concerné" et "la concordance des projets d’aménagement et d’infrastructures de transport".
S’agissant du projet Europacity, encore au stade du démarrage, la mission a dressé une liste de scénarios possibles de son évolution. Des scénarios en rien prédictifs mais qui doivent permettre de "rechercher les voies et moyens pour préserver l’avenir : il s’agit de s’assurer, à partir du protocole signé entre l’EPA et Alliages et Territoires [maître d’ouvrage], que la promesse de vente puis l’acte de cession des terrains garantiront un aménagement équilibré et à la bonne échelle".
Le rapport : www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr
Le Grand Bourget : la gouvernance et Europacity passés au peigne fin par le CGEDD
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