L’exécutif parisien s’attend à recevoir des "solutions surprenantes" et "encore plus d’audace" pour "Réinventer Paris 2", lancé devant une salle comble au Pavillon de l’Arsenal, le 23 mai. L’appel à projets, sur "les dessous de Paris", devrait être, comme son précédent, riche "de grandes propositions très challengées", à en croire Anne Hidalgo. La maire socialiste de Paris est d’abord revenue sur les effets positifs de cette "nouvelle manière de fabriquer la ville" : "un an après le choix des équipes de Réinventer Paris 1, plusieurs permis de construire ont été délivrés". Outre "l’accélération extraordinaire permise", le concours a donné "un élan" en montrant que "Paris savait se renouveler sans nier son histoire". La capitale "n’est plus une ville musée" et l’appel à projets version 1, lancé en 2014, en serait en partie responsable.
Et "parce que Paris ne sera jamais une ville finie", l’élue soumet désormais à la créativité des acteurs de l’urbain et de l’architecture les sous-sols du territoire. "Ces espaces non exploités, incroyables, atypiques". Avant tout, elle attend des candidats qu’ils répondent au défi climatique, car "la ville n’est pas qu’une juxtaposition de belles signatures". Et espère que "l’art et la culture" prendront une place essentielle dans les projets proposés.
34 sites en profondeur
"Les sous-sols, vus comme des espaces de services et de relégation, sont les grands oubliés de la métropole". Avec ce concours, Jean-Louis Missika, adjoint à la maire en charge de l’urbanisme, souhaite donner une nouvelle dimension urbaine au tissu parisien : "la profondeur", alors que de nombreuses mégalopoles "se livrent une guerre de la skyline". Une façon aussi d’anticiper un phénomène bien en marche : les mobilités de demain, au premier rang desquelles "le véhicule autonome", qui, "d’ici 2050", rendra le stationnement exceptionnel et "libérera des centaines de milliers de m2 de parkings souterrains".
Sur les 34 sites proposés, nombreux se situent dans le centre de la capitale, peut-être "les dernières possibilités foncières" dans ces quartiers denses, souligne Jean-Louis Missika.
Cinq tunnels figurent sur la liste, dont celui des Tuileries, au cœur du 1er arrondissement, voie Georges Pompidou, le long du Palais du Louvre (860 m de long sur 8,5 m de large) ; ou encore l’ancien tunnel routier de l’Etoile, qui relie les avenues des Champs Elysées et de la Grande Armée (8e et 17e) (380 m de long, sur 8 m de large et 2,4 m de haut).
L’ancien parking du grenier Saint-Lazare (3e), et ses 2 200 m2, fait partie des trois parcs de stationnement mis à disposition.
Déployant respectivement 4 000 m et 3 500 m2, les bassins désormais inutilisés des réservoirs de Passy (16e), et l’ancienne usine de pompage d’eau de Seine d’Auteuil (16e) aux volumétries imposantes de l’architecture industrielle du début 20e siècle, sont deux beaux terrains de jeux.
La Municipalité imagine des "activités insolites" pour cinq sous-sols inexploités, dont le site "mystérieux" du Dédale (20e), rue Saint-Blaise, ou l’ancien Caveau des Légendes, rue Jacob (6e).
Il faudra également aménager deux sous-faces, dont l’espace viaire sous le viaduc du métro aérien de la ligne 6 (170 m de long et 10 m de large). Réinterpréter quatre stations de métro, dont trois fantômes, et la Galerie Valois, ce couloir de style Art Nouveau de 240 m2 de la station Palais Royal-Musée du Louvre. Mais aussi repenser les usages de quatre bâtiments patrimoniaux, dont l’Hôtel de Fourcy (4e), redonner une seconde vie à l’ancien garage Renault (5 500 m2) de la rue Amelot (11e), et à deux bâtiments industriels ; "magnifier le périphérique" en trois points. Enfin, la SNCF laisse deux sites "d’envergure" : les 3 800 m2 de l’aérogare de l’esplanade des Invalides (7e) et la gare des Gobelins (13e) et ses 74 000 m2.
"C’est à vous de jouer", enjoint l’adjoint à l’urbanisme qui attend des candidats et de leurs projets : "pluridisciplinarité, mixité des usages et des populations, intérêt général, des destinations les plus ouvertes possibles". Et pourquoi pas "développer des connections entre les sous-sols, comme à Montréal". "Nous voulons 34 projets emblèmes". Rien que ça !
► Liste des sites et règlement sur : www.reinventerparis.fr
► Calendrier
6 juin : publication sur www.reinventerparis.fr des fiches techniques de chaque site,
Début juillet : ouverture de la data room, base de données partagées,
D’ici le 15 novembre : dépôt des manifestions d’intérêt,
Début 2018 : première sélection,
D’ici mai 2018 : dépose des offres,
Automne 2018 : sélection des lauréats et annonce des résultats.