Hambourg et le projet HafenCity, ou comment attirer 14 000 habitants

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En ce début d’été, l’actualité à Hambourg est planétaire : la ville accueillera un sommet du G20, les 7 et 8 juillet prochains. Et l’on a droit, bien sûr, au débat sur les bénéfices et inconvénients d’une telle manifestation entraînant restrictions de circulation et inflation de dispositifs de sécurité. "Hambourg est une ville plutôt introspective et peu expansive, même si elle s’est beaucoup ouverte grâce aux apports de populations d’origine étrangère", explique Olaf Bartels, architecte et historien, guide d’un groupe de journalistes à la découverte de la cité, lors d’un voyage d’études organisé par l’Ajibat (Association des journalistes de l’habitat et de la Ville), du 7 au 9 juin. Pour certains acteurs locaux, le quart d’heure de notoriété produit par le G20 ne vaut pas la chandelle…

C’est que Hambourg a du travail à finir, en matière urbaine notamment. Par déplacement d’installations portuaires vers le nord-est de l’espace urbain, les autorités de la ville-Etat, deuxième métropole d’Allemagne, ont ouvert à l’urbanisation 157 hectares de terrains leur appartenant. Objectif : étendre la ville le long de l’Elbe. C’est le projet HafenCity, considéré comme la plus grande opération de renouvellement de centre-ville en Europe, lancé au début du siècle et planifié jusqu’en 2025. Au terme d’un schéma établi par les Néerlandais de KCAP, 2,4 millions de m2 doivent être bâtis, dont un tiers en habitat (7 000 logements), 42 % de surfaces tertiaires, 15 % d’équipements culturels, d’éducation et de tourisme, et 11 % de commerces et services.

Déjà 3 000 habitants

Les constructions progressent d’ouest en est. Soixante-deux immeubles sont déjà livrés, indique la société publique de développement HafenCity GmbH. Ils se situent au contact de la Speicherstadt, ce quartier d’entrepôts alignés, naguère interdit à la circulation du public et désormais classé au patrimoine de l’Unesco. La plupart des programmes mélangent logements et bureaux. HafenCity compte aujourd’hui 3 000 habitants (sur les 14 000 attendus) et a déjà accueilli 730 entreprises employant 10 000 salariés au total, dont Unilever, le groupe de presse Der Spiegel ou la compagnie d’assurances Germanischer Lloyd.

70 programmes en cours

La plupart des rez-de-chaussée sont réservés à des cellules commerciales mais l’offre se limite pour l’instant à des cafés et restaurants. 70 autres programmes sont en cours de réalisation selon les mêmes principes directeurs. "Nous sommes dans les temps, assure la porte-parole de HafenCity GmbH. Il ne reste que quelques lots à attribuer sur l’ensemble du territoire de projet. En 2025, nous aurons vendu tous nos terrains et l’opération sera équilibrée".

Loisirs et haute musique

Unibail-Rodamco fait partie des investisseurs engagés dans le développement d’HafenCity. Et pas qu’un peu… Le 5 avril dernier, dans le secteur de l’Überseequartier, au bord du fleuve, le groupe a posé la première pierre d’un ensemble de 210 000 m2 de commerces et loisirs (200 boutiques, un cinéma, trois hôtels), de logement (400 appartements) et de bureaux, dont un immeuble "emblématique", "objet sculpté vertical" imaginé par Christian de Portzamparc. HafenCity ne craint pas la grande hauteur puisque des discussions sont en cours pour l’édification d’une tour de 160 mètres à l’extrémité ouest du site.

A l’autre bout du territoire, l’Elbphilharmonie pointe à 110 mètres ; après une décennie de travaux, le temple musical dessiné par les architectes Herzog et de Meuron a été ouvert en novembre. Et au terme d’une dérive financière sans précédent, il aura coûté près d’un milliard d’euros. On y trouve deux salles de concerts à l’acoutisque parfaite, un hôtel, un parking et 45 appartements, répartis entre un ancien entrepôt (l’un des rares bâtiments anciens conservés à HafenCity) et sa coiffe contemporaine de béton et de verre. Entre les deux structures, une terrasse ouverte, où se sont déjà rués deux millions de visiteurs pour admirer la ville et le port. Certains attendent de cette philharmonie un effet Guggenheim. Comme quoi Hambourg n’oublie pas tout à fait d’être attractive.

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