Au FPU Grand Ouest, faire la ville productive et attractive

Projets urbains
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Rendre la ville "désirable", à toutes les échelles. Au Forum des projets urbains du Grand Ouest, organisé par Innovapresse le 4 avril à Bordeaux, les discussions ont porté sur la ville attractive, qui "fait envie". A l’échelle du bourg ou du quartier,  en requalifiant l’espace public, en contrôlant la périurbanisation, en soignant le centre. A celle de la métropole, l’enjeu est de penser un projet global, à l’image de Lisbonne, et de lier développement économique et construction de logements, comme l’a expliqué Alain Juppé, maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole, invité de la séance plénière inaugurale. D’attractivité, il a également été question avec une séance plénière de clôture consacrée aux conséquences de la LGV pour les territoires.

Marennes : aménagement du quartier de la Marquina
A Marennes, commune de 5 600 habitants en Charente-Maritime, la mairie a pris la parti de s’emparer de la question épineuse de la périurbanisation, via un double engagement : développer le territoire péri-urbain tout en luttant contre l’étalement urbain. Pour mener à bien ce pari audacieux, la ville a choisi d’aménager le secteur de la Marquina, soit 19 hectares, en périphérie de centre-bourg, avec comme ligne directrice "un jardin partagé pour tous et non un jardin chacun", comme le détaille Christoph Denerier, architecte-urbaniste. Ainsi les parcelles vendues ne dépassent pas les 200 m2, bien loin de ce qui se fait habituellement dans les lotissements, tandis que les îlots s’organisent autour d’un jardin public de 4 ha. Ce projet a été lauréat de l’appel à projets Ecoquartier de Poitou-Charentes en 2013. (AC)

Saint-Brieuc : une redynamisation en forme de requalification de l’espace public
En 2014, Bruno Joncour, maire candidat à sa propre succession, axe sa campagne sur le thème de la redynamisation du centre-ville. Une question majeure dans cette ville moyenne de 45 000 habitants. Objectif : rendre Saint-Brieuc "désirable". Une fois élu, Bruno Joncour et son équipe mettent en place un plan-guide afin d’établir une politique urbaine cohérente : "Nous voulions embellir la ville pour la rendre attractive. Nous avons donc décidé de travailler sur un nouvel usage de la ville en nous concentrant sur une requalification des espaces publics", explique Jacky Desdoigts, adjoint à l’urbanisme. Après une phase de diagnostic qui a mis en valeur la problématique de l’interface entre la ville et son littoral (à 3 km) et celles des places de cœur de ville (grises et sur-occupées par les voitures), quatre projets pilotes ont été présentés au premier semestre 2018. Ils entreront en phase opérationnelle cette année. (AC)

Libourne : un projet urbain tous azimuts
La ville de Libourne a mis en place depuis 2016 un vaste projet urbain. Objectif : développer son attractivité selon un double mouvement. D’un côté, il s’agit d’affirmer son statut de ville-centre de l’hinterland libournais ; de l’autre, de devenir un espace péri-métropolitain sachant profiter de la proximité de la métropole bordelaise. Cinq sites de projets ont été investis : le cœur de bastide, les quais et les berges, les anciennes casernes, la gare et le site naturel des Dagueys. En y menant des opérations de réhabilitation-revitalisation du centre-ville, de réaffirmation de l’identité fluviale et portuaire et de renforcement des mobilités, Libourne ambitionne de se positionner comme un territoire dynamique affirmant sa complémentarité avec la métropole bordelaise. (AC)

SNCF Immobilier : un acteur de référence dans la fabrication de la ville
SNCF immobilier est actuellement engagé dans 34 projets urbains répartis sur tout le territoire français. "Dans dix ans nous aurons aménagé 150 hectares", détaille Lionel Boutin, directeur-adjoint et chef du pôle valorisation et logement de SNCF Immobilier. Parmi ces 34 projets, sept concernent la façade atlantique, avec notamment Rennes et Bordeaux. Dans la capitale girondine, le groupe, qui possède 25 hectares près de la gare, est ainsi associé de près à l’opération Euratlantique, située dans ce secteur. Au niveau national, le patrimoine immobilier de SNCF Immobilier est estimé à 8,5 millions de m2 de bâtiments industriels, tertiaires et sociaux ainsi qu’à 20 000 hectares de foncier (dont 3 000 urbanisables dès à présent), et 100 000 logements (dont 90 % de logements sociaux). (AC)

Lisbonne : un projet urbain sobre et réussi qui impose de nouveaux défis
En 2010, Lisbonne s’engage dans un projet urbain de grande ampleur, faisant fi de la situation de crise économique qui secoue le Portugal. Objectif : réinventer la ville en luttant notamment contre la prédominance de la voiture et en tentant de redynamiser un centre-ville vidé de ses habitants (entre 1961 et 2001, 400 000 personnes ont quitté le centre). Porté d’un côté par une planification énergique impulsée par la ville, via son maire-adjoint à l’urbanisme, Manuel Salgado, et, de l’autre, par un soin tout particulier accordé aux instances de participation citoyenne, le projet urbain se décline en interventions sur l’espace public, reconquête des logements vacants et investissements dans les structures publiques (écoles, crèches). "Chaque action devait avoir une valeur sociale, économique, environnementale, culturelle et politique", souligne Manuel Salgado. Aujourd’hui, c’est un bilan en demi-teinte que dresse l’élu : "Lisbonne est devenue plus attractive mais ce processus de développement a été trop rapide et a rompu certains équilibres". En effet, les prix de l’immobilier ont quasiment doublé dans le centre-ville, entraînant une gentrification problématique. "Aujourd’hui, la poursuite de notre projet urbain implique de répondre à ces nouveaux défis", prévient Manuel Salgado. (AC)

Saint-Sébastien : le projet Replicate, pour une ville smart et durable
Depuis 2016, Saint-Sébastien est engagée dans le projet européen Replicate (Renaissance of places with innovative citizenship and technology). Coordonné par Fomento de San Sebastiãn, une société publique dédiée à la promotion et au développement économique et social de la ville, ce projet a pour objectif "d’améliorer et de faciliter la transition vers une ville intelligente dans les domaines de l’efficacité énergétique, la mobilité durable et les TIC/infrastructures". Pour ce faire, l’Union européenne a octroyé un budget de 11 M€ à la ville. Sur le terrain, les actions concrètes se concentrent dans le quartier de l’Urumea, avec, notamment, la réhabilitation énergétique de 156 logements et de 34 locaux commerciaux, la mise en place d’un système connecté de chauffage et d’eau chaude centralisé, l’acquisition par la ville de deux bus électriques chargés d’assurer la desserte entre l’Urumea et le centre-ville ou le déploiement d’un système d’éclairage public intelligent dans un parc industriel. D’autres initiatives sont prévues, mais, comme le souligne Ana Aizpuru, responsable des services Smart de Fomento de San Sebastiãn, "le plus difficile est de réussir à assurer la collaboration entre tous les services concernés, la plupart voyant leurs habitudes de travail modifiées par ces approches transversales". (AC)

Nantes-ZAC de la Chantrerie : l’îlot Beauvau, pour refaire la ville sur la ville
Pour Nantes Métropole et la ville de Nantes, la question de l’obsolescence des ZAC se pose avec acuité. Vingt ans après sa création, la ZAC de la Chantrerie, dédiée aux entreprises de haute technologie et aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche, et singulièrement l’îlot Beauvau, en sont l’exemple. Il s’agit aujourd’hui de reconfigurer ses 65 ha en quartier actif, tout en préservant ses qualités paysagères. Associés en collectif de réflexion, le promoteur Cogedim Atlantique, le concepteur A26 Architectures et Nantes Métropole Aménagement ont opté pour une transformation de l’îlot Beauvau en apportant de la mixité de produits. Logements familiaux, résidence pour jeunes et actifs, bureaux font partie du cahier des charges programmatique. Pour Patrick Baggio, architecte, "il faut penser à la vie future des bâtiments et à leur changement de destination". Ainsi le bâtiment mixte de l’îlot Beauvau sera autant que possible réversible. Son permis de construire a été déposé en février. (EM)

Bordeaux Métropole, agglomération productive, met le cap sur 2050
Le projet urbain bordelais est fidèle à son principe défini il y a 10 ans : se déployer autour de l’arc de développement durable allant du secteur du Lac à la gare Saint-Jean. La méthodologie ne varie pas, intégrant urbanisme négocié, maison du projet, ateliers de concertation et plan guide. Les invariants de cette politique consistent à densifier la ville en construisant de nouveaux quartiers, comme celui des Bassins à flot, en phase d’achèvement, avec 5 400 nouveaux logements, et bientôt le quartier de La Jallère, dont le plan guide est également confié à Nicolas Michelin, architecte urbaniste. 

En second lieu, si Bordeaux est une ville attractive, Alain Juppé, son maire et président de Bordeaux Métropole, rappelle son essence de ville industrieuse. La ville productive, en lien avec les enjeux de logement et de mobilité, doit renforcer ses atouts, notamment sur sa rive droite. À Brazza, où Youssef Thomé est le porte-parole de la maîtrise d’œuvre urbaine, tel sera le cas. 4 900 logements sont programmés avec la volonté de diversifier l’habitat, notamment avec des résidences en volumes "capables" (à équiper librement) destinées aux primo-accédants, pour un prix de sortie de 2 100 €/m2 (projets Quai 54 et Quai 56 de Cogedim). La formule sera ensuite déclinée pour accueillir de l’artisanat dans des cellules duplex à aménager. En 2019, un projet phare sera lancé sur l’ancien site Soferti pour implanter ce que l’on nomme déjà "la cathédrale du sport", attribuée en gestion à l’UCPA. Il s’agit d’un équipement constitué de plateaux sans façade mais muni de rideaux en PVC pour pratiquer de multiples activités sportives indoor et outdoor. Un autre projet inédit verra le jour à Brazza, avec le concept Jo&Joe mixant auberge de jeunesse et hôtel 4 étoiles. Sur ce territoire, 17 permis de construire sont déjà déposés.
En poursuivant le long du port de la lune, l’OIN Bordeaux Euratlantique songe aussi à créer de l’emploi sur les 700 ha de son emprise. À l’horizon 2030, si 50 000 nouveaux habitants seront accueillis, 30 000 emplois sont aussi attendus. L’opération Belvédère (Nexity, Altarea Cogedim, Pitch Promotion) qui fait face à la basilique Saint-Michel, incorpore bureaux (50 000 m2), commerces, services et équipements culturels (18 800 m2). Les rez-de-chaussée y seront "actifs", avec des commerces gérés pendant dix ans par Altarea.
Pour autant, la métropole toute entière se veut territoire de projets. Lancée en 2010, l’opération "50 000 logements", portée par la SPL La Fab, se déploie avec 10 000 logements engagés cette année. Des immeubles à réaliser le long des axes de transports en commun et accessibles à 2 500 €/m2, parking compris. De surcroît, l’appel à manifestation d’intérêt Aire (Aménager, rénover, redessiner, entreprendre), initiée en juin 2017 par La Fab, concerne dix sites périphériques, dans l’objectif de produire des locaux répondant aux besoins des PME, TPE, PMI et artisans en difficulté pour trouver des espaces adaptés dans l’agglomération. Les équipes lauréates pour chaque site seront connues en juillet. 
Citons également l’OIM Bordeaux Aéroparc, en lien avec la filière aéronautique-spatial-défense (10 000 emplois en perspective), l’OIM Bordeaux Inno Campus autour de la thématique santé, à terme créatrice d’emplois et dont les acteurs souhaiteraient une reconnaissance ministérielle pour conforter leur action. Enfin, l’ensemble des projets tend à "renaturer" une métropole souvent jugée trop minérale, à l’exemple du projet de requalification urbaine et commerciale Mérignac Soleil, mené par La Fab. Reste à faire avancer d’un même pas la question des mobilités. Pour Bordeaux Métropole, qui vient de lancer la démarche BM 2050, les sujets prospectifs – des mobilités à l’agriculture urbaine – ne manqueront pas. (EM)

Plénière de clôture : la LGV, catalyseur d’urbanités ou amplificateur d’inégalités ?
Quelles sont les répercussions de l’arrivée d’une ligne à grande vitesse dans une ville ? Pour Jean-Marc Besnier, directeur de Laval Mayenne Aménagements, l’arrivée de la Ligne à grande vitesse (LGV) depuis 2017, à Laval, a provoqué des "impacts timorés". Même si, avec 20 % de voyageurs en plus en gare de Laval et l’arrivée de nouvelles populations dans la commune, l’avènement de la LGV concorde bien avec une attractivité croissante. D’autant que dans le même temps, la ville s’est lancée dans trois opérations urbaines de grande ampleur dans le centre et le quartier de la gare. A Bordeaux, Jean-Christophe Chadanson, de l’a’urba, anticipe avec prudence, sur la base de données chiffrées, un effet amplificateur d’une dynamique pré-existante. "La LGV participe à la définition de l’attractivité d’un territoire, de même qu’elle est un outil au service des projets urbains", estime Marie Delaplace, professeure d’aménagement et d’urbanisme à l’Ecole d’urbanisme de Paris (EUP). Avant de nuancer : "il faut cependant se méfier du mythe de l’effet structurant d’une ligne à grande vitesse". Prenant l’exemple d’Euralille, le quartier d’affaires né de la création de la gare Lille-Europe, la chercheuse rappelle que le turn over des bureaux y est très important. De même à Vendôme, sur la LGV Atlantique, le parc d’activités construit en parallèle de la gare connaît un taux d’occupation de seulement 6 %. Preuve, selon elle, qu’une LGV n’est pas le seul facteur de développement d’un territoire : "les caractéristiques socio-économiques des villes, la qualité de la desserte, comme les potentialités d’accompagnement et d’appropriation comptent également". (AC)

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