"On ne va pas assez vite ; il faut être disruptif ; avancer pas à pas mais sans relâche !". En ouverture du 22ème Forum des Projets Urbains, ce 14 novembre, à Paris, le dialogue entre deux Grands Prix de l’urbanisme 2022 – Carmen Santana d’Archikubik pour l’Espagne et Franck Boutté pour la France – a stimulé l’auditoire dans l’indispensable engagement face au dérèglement climatique. La première encourageant à la coconstruction, dans la mise en œuvre d’un "urbanisme humaniste" qui s’appuie sur "le vert comme infrastructure" et mène à une "densité partagée". Le deuxième refusant aussi bien l’à-quoi-bonisme auquel pourrait mener l’éco-anxiété qu’une "forme de relativisme insidieux" qui conduirait la France à s’exonérer de ses responsabilités. Alors que faire ? "La France a beaucoup misé sur la stratégie d’atténuation, mais il faut répondre à l’enjeu de l’adaptation, ce qui oblige à se projeter dans le futur pour imaginer le présent", explique Franck Boutté. Les récentes crises sont là pour nous y inciter. "Les acteurs de la ville devaient être de bons perspectivistes, ils doivent devenir prospectivistes. […] Un changement de société radical s’impose".

Les porteurs de projets venus présenter une soixantaine d’ateliers aussi bien que les 1800 participants inscrits à ce 22ème FPU ont largement abordé la question de la réduction des émissions carbone à chaque étape du projet urbain. Tout comme les intervenantes de la séance plénière de clôture, Claudine Bichet, adjointe au maire de Bordeaux et vice-présidente de Bordeaux Métropole au climat, à la transition énergétique et à la santé, Anne Vial, directrice de projets Quartiers durables et Cœur de ville au Cerema, et Anne Fraisse, directrice générale d’Urbain des Bois et pilote de la feuille de route nationale pour la décarbonation de la filière aménagement. Un thème – "Décarboner l’aménagement" – sur lequel des pistes de plus en plus nombreuses se font jour, et tout autant de questionnements.